Lettre de Guy Moquet : et pourquoi pas une lecture encore plus moderne ?

(22/10/2009)

C'est aujourd'hui que les professeurs des lycées sont invités à faire une lecture du la fameuse lettre du militant communiste et résistant Guy Moquet, adressée à ses parents quelques heures avant d'être fusillé, avec plusieurs de ses camarades, par l'occupant nazi. L'émotion et l'engagement résistant et patriotique du jeune Guy mérite 1000 fois d'être connus de tous, comme le doit être toute la vérité sur cette période de notre Histoire.

Pour autant, l'ériger, comme Sarkozy l'a fait, en symbole d'Etat et message officiel, est aussi réducteur que tout ce que la communication élyséenne propose de nos jours en "prêt à penser". Espérons que nos enseignants en lycée sauront en faire une présentation intelligente.

Cette année, j'aurais une suggestion qui me vient immédiatement à l'esprit. Pourquoi ne pas faire un parallèle avec ce qui peut être assimilé à de la résistance moderne. La résistance, par exemple, à ces pays qui pourchassent et expulsent des femmes, des enfants, des hommes, qui fuient des régimes dictatoriaux ou des pays en état de guerre. Cette année, j'imaginerais volontiers un texte de ce genre :  

LA LETTRE DU REFUGIE AFGHAN "Ma petite maman, mon petit papa, je vous en prie ne pleurez pas. Je monte dans ce charter le coeur lourd mais avec tout le courage que vous m'avez légué. Ce même courage qui m'avait fait rester debout lorsqu'ils vous avaient emportés sous leurs balles assassines et que je vous avais trouvés gisant sur le carrelage de notre cuisine. Mon petit papa, ma petite maman, j'ai eu la force de quitter cette maison où nous avions tant ri et tant dansé avec toute notre famille. J'ai choisi de venir en France, le pays des Droits de l'Homme... tu sais, papa, c'est toi même qui me l'avait dit. Je ne savais pas, cependant, que depuis deux ans et demi ce pays ne respectait plus lui-même les valeurs universelles qu'il avait fait rayonner de par le monde. Je ne savais pas qu'il pouvait rester sourd au refuge que je cherchais auprès de lui. Il ne me reste que peu de temps maintenant. Nous allons monter dans cet avion et la police française me retirera cette feuille et ce stylo qui sont mes derniers trésors. Nous ne savons pas ce qui nous arrivera là-bas. Car là-bas, ce n'est plus chez nous. C'est parce que notre vie y avait déjà été détruite que nous voulions reconstruire ailleurs, en France, en Angleterre. Nous ne savons pas ce qui adviendra de nos vies. Ne pleurez plus, ma petite maman, mon petit papa. J'ai encore de l'espoir. Peut-être pourrais-je repartir ? J'en ai, je crois, encore la force. Et j'ai vu aussi en France des gens résister et ouvrir les bras. Je veux au moins remercier leurs regards. J'ai lu dans ces regards toute l'humanité qui manque aux puissants de ce pays."