C'est dit dans l'ouvrage que nous avons écrit il y a bientôt un an, Fanny Lacroix, Daniel Cueff, Jérôme Perdrix, Alain Lamour et moi-même : l'idée même de République, dans ses tréfonds, repose sur notre capacité à vivre ensemble et déléguer parmi nous, à l'échelle de la commune, des représentants qui ne se départissent pas des citoyens, mais, vivant avec eux, exercent leur mandat avec eux et sous leur contrôle.
On qualifiera notre démarche de municipaliste, mot qui ne saurait tarder à entrer dans le dictionnaire. Nous dirons surtout qu'il s'agit pour nous de raviver notre capacité collective à nous donner un destin commun, dans la co-construction et une société apaisée.
On ne peut vraiment dire que notre société est apaisée, à l'heure actuelle, ni que les Français aient confiance dans leurs représentants, en dehors des maires qui ont encore, pour eux, un sens. Là est bien notre sujet, redonner du sens à nos actions, repartir de là où nous pouvons les toucher, ensemble, de nos propres mains. Cette réappropriation des communs, mettons là en oeuvre à l'échelle de la commune, en devenant les dépositaires d'une démocratie continue, dans laquelle l'élu tire sa légitimité non plus seulement de l'élection, mais des pratiques démocratiques avec lesquelles sont exercés pouvoir et représentation. Dans mon village, nous avons pratiqué puis scellé cela dans une Constitution municipale. Nous n'avons pas eu besoin des lois de nos aînés pour ce faire, nous nous sommes contentés d'inventer ce nouveau rapport entre élus et citoyens.
Déclarés ou pas sur le site web que nous avons lancé il y a plusieurs mois, des centaines de citoyens ont saisi cette démarche et vont tenter, à l'occasion des élections municipales de mars 2020, de recueillir vos suffrages.
Souvent ils ne sont pas connus, ce ne sont pas des "notables". Souvent ils ne se rattachent à aucun parti ou rassemblent plusieurs courants. Pourtant, faites-leur confiance ! Il n'y aura pas de reconquête démocratique si vous n'élisez pas vos pairs parmi vous.
Cet appétit moderne pour la démocratie, boosté par la vitesse des réseaux sociaux, la corruption et/ou la ringardise de nombre de nos représentants, me remet en mémoire une séquence de notre Histoire, la Commune de Paris.
L’échec militaire du Second empire, à Sedan, provoque l’insurrection de Paris et la proclamation de la Troisième république, le 4 septembre 1870. Le nouveau gouvernement capitule néanmoins le 26 janvier 1871 et Paris est occupé par l’armée prussienne. L’insurrection du peuple de Paris, qui tient les Prussiens à distance et fait fuir le gouvernement de Thiers à Versailles, décide d’organiser les élections de la Commune de Paris, qui eurent lieu le 26 mars 1871.
Voici l'Appel aux électeurs parisiens, daté du 25 mars 1871 et rédigé par les membres du Comité central de la Garde nationale :
On qualifiera notre démarche de municipaliste, mot qui ne saurait tarder à entrer dans le dictionnaire. Nous dirons surtout qu'il s'agit pour nous de raviver notre capacité collective à nous donner un destin commun, dans la co-construction et une société apaisée.
On ne peut vraiment dire que notre société est apaisée, à l'heure actuelle, ni que les Français aient confiance dans leurs représentants, en dehors des maires qui ont encore, pour eux, un sens. Là est bien notre sujet, redonner du sens à nos actions, repartir de là où nous pouvons les toucher, ensemble, de nos propres mains. Cette réappropriation des communs, mettons là en oeuvre à l'échelle de la commune, en devenant les dépositaires d'une démocratie continue, dans laquelle l'élu tire sa légitimité non plus seulement de l'élection, mais des pratiques démocratiques avec lesquelles sont exercés pouvoir et représentation. Dans mon village, nous avons pratiqué puis scellé cela dans une Constitution municipale. Nous n'avons pas eu besoin des lois de nos aînés pour ce faire, nous nous sommes contentés d'inventer ce nouveau rapport entre élus et citoyens.
Déclarés ou pas sur le site web que nous avons lancé il y a plusieurs mois, des centaines de citoyens ont saisi cette démarche et vont tenter, à l'occasion des élections municipales de mars 2020, de recueillir vos suffrages.
Souvent ils ne sont pas connus, ce ne sont pas des "notables". Souvent ils ne se rattachent à aucun parti ou rassemblent plusieurs courants. Pourtant, faites-leur confiance ! Il n'y aura pas de reconquête démocratique si vous n'élisez pas vos pairs parmi vous.
Cet appétit moderne pour la démocratie, boosté par la vitesse des réseaux sociaux, la corruption et/ou la ringardise de nombre de nos représentants, me remet en mémoire une séquence de notre Histoire, la Commune de Paris.
L’échec militaire du Second empire, à Sedan, provoque l’insurrection de Paris et la proclamation de la Troisième république, le 4 septembre 1870. Le nouveau gouvernement capitule néanmoins le 26 janvier 1871 et Paris est occupé par l’armée prussienne. L’insurrection du peuple de Paris, qui tient les Prussiens à distance et fait fuir le gouvernement de Thiers à Versailles, décide d’organiser les élections de la Commune de Paris, qui eurent lieu le 26 mars 1871.
Voici l'Appel aux électeurs parisiens, daté du 25 mars 1871 et rédigé par les membres du Comité central de la Garde nationale :

Il s’agit de rechercher non des « stars » de la politique, mais des personnes capables d’assurer ce service public par excellence et d’assumer la lourde responsabilité qui va leur incomber : les électeurs ont donc tout intérêt à trouver des gens qu’ils côtoient et connaissent de préférence, avec qui ils peuvent parler du mandat qu’ils leur confient et de leur service futur.
Ce système électoral exprime l’idée centrale et décisive que c’est bien aux électeurs de choisir leurs mandataires et non à ces derniers de présenter leur candidature pour se faire élire. L’objectif est de constituer une "représentation populaire", avec des "mandataires" et non "des maîtres". Tout le monde ne s'en est pas forcément saisi, mais c'est ce que nous venons de faire encore pendant plus de 10 mois dans mon village avec un groupe d'habitants, tous invités qu'ils étaient, lequel groupe est monté jusqu'à 70 personnes. Je ne pouvais donc individuellement répondre à la question "serai-je à nouveau candidat ?" lorsqu'on me la posait... car il m'importait plus qu'on se choisisse les uns et les autres, après une longue séquence de travail sur un projet, plutôt qu'on m'élise.
Les élections de la Commune de Paris avaient comme objectif, exprimé par le Comité central ce même 25 mars 1871, de former l’organisation communale. En voici quelques extraits :
"En donnant à votre ville une forte organisation communale, vous y jetterez les premières assises de votre droit, indestructible base de vos institutions républicaines. Le droit de cité est aussi imprescriptible que celui de la nation ; la cité doit avoir, comme la nation, son assemblée qui s’appelle indistinctement assemblée municipale ou communale, ou commune (…)
Cette assemblée nomme en son sein des comités spéciaux qui se partagent ses attributions diverses (instruction, travail, finances, assistance, garde nationale, police etc…)
Les membres de l’Assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables (…) Citoyens, vous voudrez conquérir à Paris la gloire d’avoir posé la première pierre du nouvel édifice social, d’avoir élu le premier sa commune républicaine."
Nul besoin de vous raconter la suite, vous savez bien que cette oeuvre a essentiellement échoué.
Mais pas totalement... La liberté municipale, consacrée par la loi municipale de 1884, n'a pas été, en droit, remise en cause, même si depuis de trop longues années la commune a subi de graves attaques et des transferts de compétences à marche forcée. L'appareil d'Etat s'est mis à rêver de piloter nos destins dans chaque département en confiant aux intercommunalités, petit à petit, le rôle dévoyé d'une collectivité. Pourtant non, ces espaces peuvent être précieux, pertinents et même innovants à condition qu'ils demeurent et ne soient jamais autre chose qu'un lieu de coopération entre les communes.
Le combat pour la commune et pour la démocratie se confondent aujourd'hui dans une seule démarche. Jamais vécue comme un repli, en pensant global et en agissant local, cette transition démocratique a commencé, elle est le préalable à toutes les autres transitions. Car, contrairement à ceux qui ont la plupart des positions de pouvoir aujourd'hui, les citoyens, quand ils ont la parole et sont invités à co-construire les politiques publiques et les initiatives, sont déterminés à renverser les modèles dominants pour répondre aux enjeux de notre temps. Passer des déchets aux ressources, du chômage à l'emploi ou au bénévolat, de la compétition à la coopération... En cela il s'agit de municipalisme.
Votre contribution pour accompagner ce mouvement à l'occasion des élections municipales de mars 2020 est bienvenue, partout où c'est possible. Peut-être y voyez-vous maintenant plus clair ?
Ce système électoral exprime l’idée centrale et décisive que c’est bien aux électeurs de choisir leurs mandataires et non à ces derniers de présenter leur candidature pour se faire élire. L’objectif est de constituer une "représentation populaire", avec des "mandataires" et non "des maîtres". Tout le monde ne s'en est pas forcément saisi, mais c'est ce que nous venons de faire encore pendant plus de 10 mois dans mon village avec un groupe d'habitants, tous invités qu'ils étaient, lequel groupe est monté jusqu'à 70 personnes. Je ne pouvais donc individuellement répondre à la question "serai-je à nouveau candidat ?" lorsqu'on me la posait... car il m'importait plus qu'on se choisisse les uns et les autres, après une longue séquence de travail sur un projet, plutôt qu'on m'élise.
Les élections de la Commune de Paris avaient comme objectif, exprimé par le Comité central ce même 25 mars 1871, de former l’organisation communale. En voici quelques extraits :
"En donnant à votre ville une forte organisation communale, vous y jetterez les premières assises de votre droit, indestructible base de vos institutions républicaines. Le droit de cité est aussi imprescriptible que celui de la nation ; la cité doit avoir, comme la nation, son assemblée qui s’appelle indistinctement assemblée municipale ou communale, ou commune (…)
Cette assemblée nomme en son sein des comités spéciaux qui se partagent ses attributions diverses (instruction, travail, finances, assistance, garde nationale, police etc…)
Les membres de l’Assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion, sont révocables, comptables et responsables (…) Citoyens, vous voudrez conquérir à Paris la gloire d’avoir posé la première pierre du nouvel édifice social, d’avoir élu le premier sa commune républicaine."
Nul besoin de vous raconter la suite, vous savez bien que cette oeuvre a essentiellement échoué.
Mais pas totalement... La liberté municipale, consacrée par la loi municipale de 1884, n'a pas été, en droit, remise en cause, même si depuis de trop longues années la commune a subi de graves attaques et des transferts de compétences à marche forcée. L'appareil d'Etat s'est mis à rêver de piloter nos destins dans chaque département en confiant aux intercommunalités, petit à petit, le rôle dévoyé d'une collectivité. Pourtant non, ces espaces peuvent être précieux, pertinents et même innovants à condition qu'ils demeurent et ne soient jamais autre chose qu'un lieu de coopération entre les communes.
Le combat pour la commune et pour la démocratie se confondent aujourd'hui dans une seule démarche. Jamais vécue comme un repli, en pensant global et en agissant local, cette transition démocratique a commencé, elle est le préalable à toutes les autres transitions. Car, contrairement à ceux qui ont la plupart des positions de pouvoir aujourd'hui, les citoyens, quand ils ont la parole et sont invités à co-construire les politiques publiques et les initiatives, sont déterminés à renverser les modèles dominants pour répondre aux enjeux de notre temps. Passer des déchets aux ressources, du chômage à l'emploi ou au bénévolat, de la compétition à la coopération... En cela il s'agit de municipalisme.
Votre contribution pour accompagner ce mouvement à l'occasion des élections municipales de mars 2020 est bienvenue, partout où c'est possible. Peut-être y voyez-vous maintenant plus clair ?