(23/01/2007)
Ces derniers temps, il disait de sa propre mort qu'elle serait ses "grandes vacances". Son départ est salué par tous les français. Une unanimité qu'il a gagnée par l'honnêteté de son combat, vif, continu et désintéressé. Dans une société qui glisse vers un individualisme forcené, il fut pendant 50 ans l'incarnation du "tendre la main".
L'Abbé Pierre incarnait aussi d'une certaine façon la protestation, face aux carences ou aux lenteurs du monde politique. Mais cette protestation s'est toujours accompagnée d'une action qu'il a menée avec l'aide de milliers de bénévoles, dans une démarche pleinement laïque et assumée comme telle.
Le hasard de la météo fait qu'il nous quitte la veille d'une manifestation climatique hivernale. Le froid et la neige arrivent. Rappelons ici que nous lui devons la trêve hivernale des procédures d'expulsions.
La grande pauvreté, la précarité et la crise du logement sont plus que jamais au centre de nos préoccupations. Du moins de ceux qui les subissent, et de ceux qui les dénoncent et les combattent. Il était de ceux-là.
Les candidats des très prochains rendez-vous électoraux vont, sans exception, faire allégeance à sa mémoire. Dans ce domaine, je sais qui l'exprimera avec sincérité.
Ce sont plutôt les électeurs qui m'intéressent. Et deux d'entre eux : celui de la droite et celui de l'extrême-droite. Celui qui votera pour préserver ses privilèges, et celui qui protestera parce qu'il n'en a pas.
L'esprit de l'Abbé Pierre tourne le dos à ces démarches. L'altruisme est au contraire une composante essentielle de la mission qu'il s'était donnée.
Demandons-nous dès lors s'il ne faut voter que pour soi : nous sommes très nombreux, à gauche, à en connaître la réponse, puisqu'elle est intrinsèquement fondatrice de notre engagement.